Hostiles

Hostiles

Hostiles est un western américain coécrit, coproduit et réalisé par Scott Cooper, sorti en 2018, basé sur un manuscrit de Donald E. Stewart. Le tournage a lieu notamment à Santa Fe au Nouveau-Mexique et à Pagosa Springs dans le Colorado.

En 1892, le capitaine de cavalerie Joseph Blocker (Christian Bale), ancien héros de guerre devenu gardien de prison, est contraint d’escorter Yellow Hawk (Wes Studi), chef de guerre Cheyenne mourant, sur ses anciennes terres tribales. Peu après avoir pris la route, ils rencontrent Rosalee Quaid (Rosamund Pike). Seule rescapée du massacre de sa famille par les Comanches, la jeune femme traumatisée se joint à eux dans leur périple.

Façonnés par la souffrance, la violence et la mort, ils ont en eux d’infinies réserves de colère et de méfiance envers autrui. Sur le périlleux chemin qui va les conduire du Nouveau-Mexique jusqu’au Montana, les anciens ennemis vont devoir faire preuve de solidarité pour survivre à l’environnement et aux tribus Comanches, aux trappeurs, aux déserteurs en cavale qu’ils rencontrent.

Road-movie aux allures de marche funèbre, Hostiles assume avec assurance les tourments de ses personnages. Ils avancent dans ce récit rongés par leur passé, pris dans une perpétuelle lutte avec leur for intérieur pour se trouver une raison de continuer à être ce qu’ils sont. L’une jalouse les morts, l’autre a perdu une partie de son âme… Scott Cooper fait du cinéma qui n’a pas honte de son premier degré total. Sa mise en scène aussi élégante que classique épouse superbement la rédemption morale de Joseph, celle-ci étant soutenue par la performance impériale d’un Christian Bale d’une intensité renversante lorsqu’il s’en tient à intérioriser toute une gamme d’émotions.

La capacité qu’a Scott Cooper à diriger ses acteurs n’a d’égal que son talent d’écriture pour leur offrir de la matière à défendre à l’écran. En témoigne le superbe rôle de veuve qu’il donne à Rosamund Pike, actrice ô combien sous-exploitée dans le paysage cinématographique américain.

Il prolonge ce que le western entreprend depuis un petit moment : accorder aux femmes une place de choix, en oubliant qu’un temps elles étaient uniquement passives face aux agissements des hommes.

Si le western arrive encore à pointer le bout de son nez sur nos écrans c’est forcément parce qu’il a encore des choses à dire. Scott Cooper a l’intelligence de faire résonner son script avec notre époque, notamment sur la question des étrangers dans la société américaine et sur comment la violence a pu s’installer à cause de décisions politiques.

Le personnage de Joseph prend conscience au bout d’un moment que sa haine envers l’autre camp émane de la politique coloniale menée par ses supérieurs et dans laquelle il n’est qu’une main qui exécute les ordres. Lui-même le dit, il n’a fait que “son travail“. Une excuse toute trouvée, comme pour se dédouaner d’actes immondes commis au nom d’un gouvernement adoptant l’affrontement au détriment de l’écoute. Un constat brûlant, la recrudescence de crimes à caractère raciste au pays de l’Oncle Sam démontre que les mentalités sont encore marquées par de vieux relents nauséabonds.

Ce long requiem de plus de deux heures, jonché de victimes et de larmes, nous saisit par la mélancolie et les regrets qui en émanent. Et au bout du chemin se trouve, non pas le pardon, mais l’acceptation. De soi et de l’autre, d’un passé tendancieux et d’un futur apaisé. Sur ce point, la réalité a malheureusement encore un train de retard sur la fiction.