Je ne suis pas un salaud

Je ne suis pas un salaud

Je ne suis pas un salaud est un film français réalisé par Emmanuel Finkiel, sorti en 2016, qui a commencé sa carrière en tant qu’assistant réalisateur, notamment pour Jean-Luc Godard et Bertrand Tavernier.

Prix de la mise en scène et du meilleur acteur au festival d’Angoulême, le film a littéralement estomaqué la critique française.

Lorsqu’il est violemment agressé dans la rue par plusieurs personnes, Eddie (Nicholas Duvauchelle) désigne à tort Ahmed (Driss Ramdi), coupable idéal qu’il avait aperçu quelques jours avant son agression. Alors que la machine judiciaire s’emballe pour Ahmed, Eddie tente de se relever de ses blessures, aidé par sa femme et son fils avec qui il se réconcilie. Il trouve même un nouveau travail.

Or, plus les jours passent, plus l’enquête sur son agression tend à ne plus pouvoir démontrer la culpabilité d’Ahmed. Eddie se retrouve donc pris à son propre piège…

Mais bientôt conscient de la gravité de son geste, Eddie va tout faire pour rétablir sa vérité. Quitte à tout perdre…

Eddie est le sujet central du film. Brisé par la vie, il semble repartir de l’avant, reprendre de l’élan avant de rechuter à cause du mensonge. Le film se fait clairement miroir de son ressenti, et insiste peu sur les sentiments partiellement traités d’Ahmed ou de sa femme (Mélanie Thierry).

Le topos du héros en marge de la société est bien exploité, porté par le jeu impeccable de Nicholas Duvauchelle. Tous les acteurs, professionnels ou non, jouent d’ailleurs très juste, mais le duo Duvauchelle-Thierry fonctionne à merveille, grâce à ces deux acteurs qui semblent arriver à une certaine maturité artistique.

L’aspect très réaliste du film, proche du documentaire dans sa forme, permet une certaine proximité avec ces personnages communs, simples, qui essaient de s’en sortir par tous les moyens.

Le héros possède quand même pas mal de zones d’ombre, toutefois, même si Eddie semble avoir un lourd bagage derrière lui, ce film procède à  la mise en place d’une spirale négative, capable d’entraîner n’importe qui au plus bas.

Emmanuel Finkiel, met l’accent dans son film sur le rôle essentiel de la famille, dernière bouée de sauvetage pour Eddie. Le regard de son fils est important pour lui. Ce dernier reproduit les mêmes gestes et reste admiratif de son père, son héros. C’est lorsqu’il perd sa femme et son fils qu’il s’écroule complètement, même lorsqu’il admet son mensonge, il sait qu’il ne pourra plus faire marche arrière.

Perdu dans une institution judiciaire réaliste, le spectateur assiste impuissant à sa chute. S’il ne peut lutter contre tous ses problèmes, Eddie essaye de se racheter une part d’humanité en admettant son mensonge, mais ses multiples échecs vont avoir raison de sa volonté.

Le film n’accable pas ses personnages, mais plutôt la société dans laquelle ils évoluent. Il s’attache à mettre en scène des personnages à la dérive, qui ont dû mal à trouver leur place dans une société qui ne leur a pas donné leur chance.