Je verrai toujours vos visages

Je verrai toujours vos visages

La réalisatrice Jeanne Herry, connue pour son premier long-métrage, Elle l’adore en 2014, qui oscillait entre le thriller et la comédie, a pris un tournant significatif dans sa carrière avec Pupille en 2018. Ce film abordait de manière sérieuse le délicat sujet de l’accouchement sous X et de l’adoption.

Dans cette même veine, son dernier film, Je verrai toujours vos visages, explore la justice restaurative, une pratique inscrite dans la loi française depuis 2014. Cette approche vise à réunir, dans un cadre sécurisé et en présence de médiateurs, des détenus et des victimes, ou leurs proches, tous volontaires. Les détenus sont encouragés à partager les raisons de leurs actes, tandis que les victimes expriment les bouleversements douloureux résultant de leurs agressions.

Depuis 2014, des mesures de justice restaurative sont proposées en France, permettant aux victimes de vols, de viols, ainsi qu’aux auteurs d’infractions, d’engager un dialogue au sein de dispositifs sécurisés. Ces espaces sont supervisés par des professionnels et des bénévoles dévoués. Le film Je verrai toujours vos visages offre un aperçu des rencontres entre des hommes condamnés (Raphaël Quenard, Fred Testot…) et leurs victimes, ainsi que de la préparation minutieuse de ces rendez-vous, élément essentiel du processus des mesures restauratives. Cette préparation est orchestrée par Judith (Elodie Bouchez), Fanny (Suliane Brahim) et Michel (Jean-Pierre Darroussin), qui jouent un rôle crucial dans le rapprochement entre les deux parties.

Le spectateur suit l’histoire de quatre victimes : Sabine (Miou-Miou), Grégoire (Gilles Lellouche), Nawelle (Leïla Bekhti) et Chloé (Adèle Exarchopoulos), chacune touchée par des infractions différentes, allant du vol à l’arraché au viol incestueux. Le film met en lumière l’évolution de ces victimes, parallèlement à celle des coupables. Ces transformations aboutissent parfois à la réparation des dommages causés. Les parcours des protagonistes sont marqués par une multitude d’émotions, souvent contradictoires et changeantes, reflétant la complexité des relations humaines et des processus de guérison.

Je verrai toujours vos visages offre une exploration profonde et nuancée de la justice restaurative, un domaine encore méconnu pour beaucoup. Le film met en avant les défis et les espoirs liés à cette approche novatrice de la justice, tout en présentant des personnages authentiques et complexes dont les chemins se croisent et se transforment au fil de l’histoire. Jeanne Herry nous rappelle une fois de plus son talent pour aborder des sujets difficiles avec sensibilité et profondeur, faisant de son dernier film une œuvre cinématographique incontournable pour ceux qui s’intéressent à la réparation des liens brisés au sein de la société.

En résumé, Je verrai toujours vos visages est un film captivant qui jette un éclairage sur la justice restaurative, une approche émotionnellement riche et complexe de la réparation des blessures causées par la criminalité. Grâce à la réalisation habile de Jeanne Herry et à la performance convaincante de son casting, le film offre une expérience cinématographique profonde et mémorable.