Louie

Louie

Louie est une série télévisée américaine en 61 épisodes d’environ 23 minutes créée, écrite, réalisée, produite et montée par Louis C.K. Le comédien interprète également le rôle principal, dans une version fictive de lui-même.

La série a un format atypique à la télévision américaine car elle consiste en une succession d’histoires souvent indépendantes mais se rapprochant d’un thème central par épisode, ponctuées par des numéros de stand-up en public dans l’un des comedy clubs de New York.

Pour ceux qui découvriraient ici la série, rappelons son principe : Louie est une « autofiction », une fiction qui met en scène le quotidien d’un double amusé de l’auteur, Louis C.K, comédien de stand up. Louie, divorcé, vit seul avec ses deux jeunes filles, et traverse avec difficulté la quarantaine. On le suit sur scène, où il gagne sa vie, et ailleurs, dans des rencards catastrophiques, des soirées, des sorties scolaires, etc.

Une originalité de Louie réside dans le fait que les séquences illustrant la vie de Louie sont ponctuées d’extraits de ses spectacles de stand-up. Il aborde des sujets dramatiques sous un angle comique, comme le divorce et le couple, le sexe et l’orientation sexuelle, Dieu… Chaque épisode aborde une ou deux petites histoires qui peuvent être liées ou non par un thème central, ou un arc narratif plus long (sur plusieurs épisodes). Plusieurs personnages sont récurrents sur plusieurs épisodes à la suite, d’autres reviennent ponctuellement tout au long de la série.

Louie se retrouvant souvent dans des situations gênantes, embarrassantes, parfois fantaisistes ou oniriques, qui permettent une grande variété de tonalités entre les épisodes mais aussi au sein d’un même épisode. 

Car Louie est aussi une merveille d’humour noir. Dans les séquences sur scène, C.K se lâche, ose ses blagues les plus cruelles – « la vie est courte. Surtout si vous êtes un enfant qui vient de mourir. » Seul, triste, mal dans sa peau, Louie est aussi un poil hypocondriaque, et ses passages chez le médecin sont une merveille. Tout cela pourrait être glauque, mais Louis C.K porte un regard d’une infinie douceur sur son double, souligne ses lâchetés, ses maladresses, mais n’oublie jamais d’en rire tendrement, et de glisser des scènes de bonne humeur.

Réalisation sobre et soignée, musique jazz, Louie est une série intimiste, qui n’oublie pas une part importante de l’intimité : les instants de malaise. C’est un des humours les plus durs à maîtriser, et elle le fait à la perfection, quand Louie donne des conseils maladroits à ses filles, quand il rentre dans un sex-shop, quand il se ridiculise sur scène…et il parvient à laisser ses histoires dériver, devenir des drames… pour que la comédie resurgisse plus fort.

Un portrait débordant d’affection jusque dans sa méchanceté, certainement narcissique par l’autodérision, mais qui rend Louie infiniment sympathique, gros ours Calimero drôle même quand il n’y est pour rien. 

Enfin, et ce n’est pas la moindre de ses qualités, Louie est, comme certains des films de Woody Allen, une grande déclaration d’amour à New York, à sa dureté mais aussi à la dinguerie un rien surréaliste des rapports entre ses habitants que tout familier de la ville reconnaîtra, subtilement peinte, au cours des cinq saisons de cette remarquable série.

Simplement hilarante, étonnante, réjouissante, folle, excitante, touchante, Louie est un tour de force sériel. La meilleure comédie de mon histoire de la télévision.