Nobody

Nobody

Nobody, de Christian de Metter, une série d’anthologie en quatre épisodes se déroulant aux Etats-Unis, et dont le personnage principal est un homme emprisonné à la suite d’un crime particulièrement horrible. Chargé de réaliser une expertise du détenu, une jeune psychologue apprend qu’il a fait partie, dans sa jeunesse, d’un programme d’infiltration des mouvements politiques.

Construit à la manière d’une série télévisée, et distribué en 4 tomes, qui gratifient le lecteur d’ambiances différentes, plongées successives et immersives dans les Etats-Unis des années 60, 70 puis 80.

Nobody est une série haletante où règne la notion d’absence de corps et d’identité.« Je ne suis pas fou, je suis cent pour cent coupable. »
2007, États-Unis. Dans le Montana, un homme – 57 ans, solide, cheveux longs, barbe touffue, tatouages sur tout le corps– est arrêté sur le lieu d’un crime qu’il semble avoir commis.
Un an plus tard, une jeune psychologue est diligentée par le tribunal pour réaliser une expertise psychologique de cet homme. Elle est jeune mais déterminée. Au fil de leurs échanges, il s’accuse du meurtre de son ancien coéquipier, selon lui, l’assassin de sa femme, et révèle qu’il l’a découpé en morceaux. Cependant, certains éléments ne collent pas…

Une relation de confiance s’installe peu à peu entre eux, et l’homme commence à raconter sa vie depuis le jour où elle a basculé. Une révélation de la psychologue l’obligera finalement à regarder la vérité en face…

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Si les personnages et leur histoire sont fictifs, Cointelpro et le plan Northwoods sont réels, reconnus par les États-Unis et déclassifiés.

Pour les fans de polar noir, cette série est parfaite. Une plongée dans la noirceur des States et de l’âme humaine. Du grand art de la part de Christian De Metter.

La cinquantaine passé, une carrure imposante : il arbore une chevelure longue avec queue de cheval, une imposante moustache, un nez de boxeur et le tatouage d’une d’araignée dans le creux de la main droite.

Une psy, un tueur menotté dans une cellule : un dessin sombre qui joue sur les regards… Peu de mots échangés…

En quelques pages voici brossé un premier tableau qui vous laisse croire qu’il s’agit là d’une affaire de meurtres en série. Mais la magie d’un bon scénario, c’est de vous emmener là où vous ne l’attendez pas.

Christian De Metter s’amuse à brouiller les pistes par son dessin… Il est à la fois réaliste et en même temps, les contours sont flous. Derrière les couleurs, on voit le crayonné, comme si chaque case était une esquisse qu’on pouvait effacer d’un coup de gomme pour en reproduire une autre. Et l’on comprend très vite que le passé de cet homme est à l’image du dessin.

Magie du scénario, vous plongez dans une face cachée de l’Amérique. Pas très reluisante. L’homme qui se raconte va d’ailleurs y perdre ses illusions. Et en même temps, il aime cette double vie, comme une addiction.

Le premier tome de Nobody est ancré dans la fin des années 60. Le second commence dix ans plus tard. Le héros est devenu un véritable espion. Cette fois, il infiltre les groupes de bikers violents, mais il n’est plus seul : il travaille en équipe. Nouvelle plongée dans un univers glauque, loin des utopies étudiantes… Ici, drogues, viols, braquages et mouvement néo-nazis sont liés.

Et tout cela, notre détenu sans nom le livre à une psychiatre qui cherche à reconstituer son passé pour comprendre le geste qui l’a amené en prison.

La BD qui a gagné le Prix Cognac de la Meilleure Série Francophone 2017 !