Seules les bêtes
Seules les bêtes est un thriller dramatique franco-allemand réalisé par Dominik Moll et sorti en 2019. Il s’agit de l’adaptation du roman noir éponyme de l’écrivain Colin Niel, publié en 2017 aux éditions du Rouergue, et récompensé par de nombreux prix littéraires.
Dominik Moll fait un retour passionnant sur le devant de la scène, en adaptant le polar éponyme de Colin Niel, paru en 2017. L’énigme d’une mort mystérieuse, en plein hiver neigeux, dont le spectateur suit la résolution à travers une construction habile par éventail de points de vue successifs.
Dans un village de montagne, au lendemain d’une tempête de neige, on retrouve la voiture d’une femme au bord de la route… Vide. Sa voiture est retrouvée au départ d’un sentier de randonnée qui fait l’ascension vers le plateau du Causse où survivent quelques fermes habitées par des hommes seuls.
Au fil de l’enquête des gendarmes, le spectateur suit successivement cinq personnes liées directement ou indirectement à cette disparition : Alice (Laure Calamy), assistante sociale et femme délaissée par Michel (Denis Ménochet), son mari agriculteur, Joseph, un autre agriculteur, isolé et « borderline » (Damien Bonnard), Marion, serveuse qui séduit Evelyne (la femme qui a disparu, interprétée par Valeria Bruni Tedeschi)… et Armand (Guy Roger N’Drin), un jeune homme qui réalise des arnaques sur Internet à des milliers de kilomètres de là.
Peu à peu, les secrets se dévoilent et les pièces du puzzle s’emboîtent habilement dans cette intrigue aussi improbable que brillante. « Le hasard est plus fort que toi ». Voici une phrase prononcée par l’un des personnages du film qui donne tout son sens à la construction de cette adaptation du roman de Colin Niel.
Chapitré selon les prénoms de 5 personnages, le scénario puzzle co-signé avec son complice de toujours Gilles Marchand permet de dresser en creux le portrait d’une femme disparue, dont on découvre le sort à mi parcours.
Complexe autant que torturée, l’histoire fait appel à la notion de hasard, et donnera sur le tard leur sens aux premières images du film, situées bien loin des étendues enneigées du Causse, en Afrique.
A chacun des chapitres le lot de surprises est tel qu’un plaisir grandissant s’empare du spectateur attentif, comme il semble imprégner chacun des interprètes, campant tous des êtres à leur manière en manque d’amour. Même dans ces étendues où l’isolement, souhaité ou subi, est roi, le désir reste le moteur de la vie, provoquant élans, adhésion, rejets, voire malentendus.
Avec « Seules les bêtes », Dominik Moll, le réalisateur de « Harry, un ami qui vous veut du bien », réalise un film sombre, parfois drôle, et à l’atmosphère puissante. Un thriller en forme de jeu de pistes, à la construction si particulière et jouissive.