The night of
The night of est une série américaine en huit épisodes compris entre 57 et 96 minutes créée par Richard Price et Steven Zaillian, la grande série dramatique HBO est une adaptation de Criminal Justice, une série télévisée britannique diffusée entre 2008 et 2009. Ceux qui ont vu les premiers épisodes les ont dévorés d’une traite, incapables de s’arrêter.
A priori, rien de révolutionnaire dans The night of. Le scénario suit la descente aux enfers de Nasir « Naz » Khan : cet étudiant américano-pakistanais a eu la très mauvaise idée de chiper le taxi de son père pour une virée nocturne dans New York, prendre une jolie inconnue en stop, picoler, se droguer, et coucher avec elle, puis se réveiller le lendemain non loin de son cadavre lardé de 22 coups de couteau. Et pas le moindre souvenir de ce qui s’est passé.
En pleine panique, Naz fuit le lieu du crime, mais la police le confond rapidement. Il crie son innocence, mais les preuves l’accablent et un système judiciaire aussi implacable qu’inextricable va se refermer sur lui. Et l’intrigue de jouer avec nos nerfs durant huit épisodes avec un suspense central classique mais totalement prenant : Nasir Khan a-t-il, oui ou non, tué la mystérieuse Andrea ?
Un thriller d’une précision étourdissante et qui vous saisit par le col avec efficacité, malgré un rythme posé donnant le temps aux personnages de s’épanouir.
Tout en restant universelle, The night of observe à la loupe les fractures de la société américaine, le racisme ouvert ou larvé séparant les communautés, le soupçon permanent dans lequel vivent plus que jamais les musulmans outre-Atlantique.
La série dénonce aussi la rugosité d’une justice déshumanisée, source de micro-humiliations appliquées sans état d’âme par des agents ombrageux : il faut voir les pauvres parents désarmés de Naz en butte à des fonctionnaires méprisants et procéduriers lorsqu’ils tentent d’en savoir plus sur le sort de leur fils.
À cela s’ajoutent l’emballement médiatique, le cynisme et l’iniquité du système judiciaire, l’engrenage de la violence en prison…
C’est un portrait riche et réaliste d’une Amérique fatiguée que brosse The night of, sans s’écarter de son enquête ni de l’intimité des héros.
On s’attache en un battement de cils à Jack Stone (John Turturro), l’avocat miteux de Naz, affligé d’un eczéma plantaire bien répugnant, sorte de cousin New-Yorkais cheap du clinquant Saul Goodman de Breaking Bad.
Solitaire et désabusé, il voit dans cette affaire l’occasion inespérée de se faire un nom, sans croire une seule seconde à l’innocence de son client.
Mais la nouvelle star qui émerge de The night of, c’est bien entendu Riz Ahmed dans le rôle de Nasir Khan.
On pourrait aussi longuement s’appesantir sur la mise en scène méticuleuse et jouant à merveille du son et de la mise au point pour souligner discrètement une ambiance, un détail, un sentiment.
En transcendant le genre pourtant galvaudé qu’elle aborde, The night of permet à HBO de renouer avec l’excellence.