The office US
The office US, voilà une série qui n’arrête pas de faire des émules. Entre l’original britannique, le remake français, et cette version américaine, la sitcom UK créée par Ricky Gervais semble adaptée à tous les pays. Gros plan sur la version US de The office.
Une adaptation à la sauce américaine qui a su petit à petit se démarquer de son modèle britannique The office UK, chef d’œuvre de quatorze épisodes commis par Ricky Gervais et Stephen Merchant douze ans plus tôt.
The office US (2005-2013) est une série comique tournée à la façon d’un documentaire parodique qui présente le quotidien des employés d’une société de vente de papier, Dunder Mifflin, à Scranton, Pennsylvanie. Michael Scott (Steve Carell), un responsable régional d’une grande fabrique de papier en Pennsylvanie, est doté d’une certitude : celle d’être le patron le plus cool et drôle du monde.
Pourtant, ses plaisanteries douteuses alliées à ses excès d’autoritarisme ne sont pas forcément du goût de ses employés, tout aussi crétins, qui le trouvent pathétique. Ce patron débonnaire, ni drôle, ni compétent, va s’efforcer de faire croire le contraire à une équipe venue tourner un documentaire au sein de la succursale.
Si The office US est si réussie, c’est avant tout grâce à son panel de personnages tous plus hilarants les uns que les autres. Tout d’abord Michael Scott, joué par le grandiose Steve Carell qui est la caricature du patron insupportable par excellence : humour douteux, zéro tact et bien sûr méprisé par tout son personnel (ou presque).
Jim l’employé cool qui ne sait pas vraiment ce qu’il fait là et passe ses journées à embêter son collègue Dwight, geek et fayot de service qui ne vit et respire que pour impressionner Michael.
Pam la gentille et fragile secrétaire qui doit subir les blagues cruelles de son boss. Et enfin, tous les autres salariés qui, quoique plus secondaires, ont tous leur importance et savent nous faire rire chacun à leur manière.
Que ce soit le désabusé Stanley, le plus que louche Creed, l’insupportable Kelly ou encore le pauvre Toby, souffre-douleur injustifié de Michael, chaque rôle est finement écrit, interprété avec justesse et a toute sa place dans la série.
Tous ces personnages sont aux antipodes les uns des autres : Angela, catholique coincée et maniaque doit partager son espace de travail avec Kevin, sa nourriture et ses blagues “inappropriées” ; de leur côté, Jim et Dwight ne peuvent qu’être dans la confrontation, et le couple que forment Kelly, bavarde et superficielle et Ryan qui a accepté un rencard un peu par hasard, est tout à fait improbable et c’est ce qui le rend si comique.
Quant à Michael, il dévoile au fil des épisodes une profondeur insoupçonnée, celui qui ne semblait être qu’un type lourd à la limite du racisme et de l’homophobie laisse apparaître une maladresse touchante et surtout une solitude intense qui en font un personnage pathétique auquel on finit par s’attacher et le fait qu’il ne réalise pas l’énormité de ses propos ajoute au comique de la situation.
Une fois mis ensemble, ces employés forment un groupe hétéroclite et pourtant si complémentaire qui donne des situations burlesques et incongrues et des dialogues inattendus. C’est sur cet humour absurde et la plupart du temps politiquement incorrect que repose toute la série.
L’aspect faux-documentaire est parfaitement maîtrisé (Parks and Recreation et Modern Family s’en sont notamment inspirés), les employés n’ont de cesse de rappeler l’existence de la caméra, certains en sont mal à l’aise, Michael cherche constamment sa présence et Jim lui lance de nombreux regards complices créant un lien direct avec le public. Cette proximité est renforcée par les tête-à-tête avec les protagonistes au cours desquels ils nous confient leurs pensées, nous faisant entrer dans leur intimité.
The office US repose sur le principe d’un sujet par épisode (“La journée de la diversité”, “Harcèlement sexuel”, “L’incendie”…) et chacun d’eux dure 20 minutes, ce qui permet d’avoir un récit structuré et d’aller droit au but : pas de plan inutile ou de dialogue dont on pourrait se passer. Tous les éléments sont soigneusement travaillés et chaque détail est susceptible de faire rire, que ce soit une intonation, un regard ou même un petit élément à l’arrière plan.
Pour finir, c’est son réalisme qui fait de The office une série à part. On trouve de nombreuses séries dramatiques réalistes mais des séries humoristiques, beaucoup moins. Elle ne cherche pas à embellir les personnages, leurs histoires ni quoique ce soit, au contraire elle se sert de ce réalisme et en fait quelque chose de beau et de drôle. On se retrouve forcément dans cette série, que ce soit dans les personnages ou les situations dans lesquelles ils sont, on a tous vécu des moments de solitude, de gêne en public et on s’est tous un jour ennuyés au boulot. C’est une série sincère, profonde et surtout honnête.
The office US est une série de qualité, incroyablement bien écrite et justement interprétée, qui sait nous faire rire avec brio et nous laisse heureux et souriants rien qu’en entendant les premières notes du générique d’ouverture. Beaucoup d’humour et de légèreté qui nous rendent presque impatients de retourner travailler.