Jusqu’à la garde
Jusqu’à la garde est un film dramatique français écrit et réalisé par Xavier Legrand, sorti en 2017. Il s’agit d’une suite du court métrage Avant que de tout perdre du même réalisateur. Ce premier long métrage est un véritable coup de maître.
Xavier Legrand avait été remarqué par un court-métrage, Avant que de tout perdre (2014), nommé aux Oscars et récompensé aux César. Avec Jusqu’à la garde, son premier long métrage, le cinéaste a fait sensation à la Mostra de Venise, au point de remporter le Lion d’argent du meilleur réalisateur. Et pour un coup d’essai, il n’est pas abusif de parler de coup de maître, tant ce récit d’un couple en désagrégation frappe par un scénario qui rompt avec les conventions, mais aussi par une mise en scène fluide et sobre.
Miriam Besson (Léa Drucker) et Antoine Besson (Denis Ménochet) ont deux enfants : une fille, Joséphine (Mathilde Auneveux) sur le point d’être majeure et un fils de onze ans, Julien (Thomas Gioria). Le couple Besson divorce. Pour protéger son fils d’un père qu’elle accuse de violences, Miriam en demande la garde exclusive, d’autant que le fils ne veut plus revoir son père. Malgré les arguments de Miriam et son avocate ainsi qu’une lettre de Julien demandant à ne plus voir son père, la juge en charge du dossier accorde une garde partagée au père qu’elle considère bafoué, et contraint l’enfant à passer un week-end sur deux avec son père. Pris en otage entre ses parents, Julien va tout faire pour empêcher que le pire n’arrive.
Le premier quart d’heure, tant fascinant que déconcertant, donne le ton, avec un plan-séquence éblouissant dans le bureau d’une juge des divorces, qui a convoqué les deux anciens époux, en litige quant à la garde de l’enfant. La plaidoirie des deux avocates donne lieu à une abondance de dialogues juridiques auxquels le cinéma ne nous habitue pas, et laisse le spectateur autant dubitatif que la magistrate quant à la véracité des versions proposées.
Antoine est-il vraiment cet ancien époux jaloux et possessif qui exerce une pression sur son ex et ses enfants ? Miriam n’en fait-elle pas trop dans le rôle de la victime, au point de vouloir empêcher un père de témoigner son amour à l’égard de son fils et de sa fille ? Et pourquoi le certificat médical confirmant la blessure de la jeune Joséphine a-t-il été signé par la seule infirmière scolaire ?
Construit comme une bombe à retardement, Jusqu’à la garde fait brillamment monter la tension. Le long-métrage commence comme un drame social et s’achève comme un film d’épouvante. Porté par les interprétations magistrales de Denis Ménochet, tour à tour fragile et inquiétant, Léa Drucker, formidable de sobriété et de souffrance, et le jeune Thomas Gioria, remarquable.
Le film a connu un immense succès critique et a remporté de nombreux prix. Outre le Lion d’argent du meilleur réalisateur à Venise pour Xavier Legrand, il a été couronné aux festivals de Saint-Sébastien, de Saint-Jean-de-Luz ou encore d’Angerset, et reçoit quatre Césars, dont ceux du meilleur film et de la meilleure actrice en 2019.